Des outils et méthodes pour mieux communiquer face à la désinformation
Comment les acteurs de la santé peuvent-ils alors réagir, s’adapter, progresser ? Aucun outil miracle, mais des pistes efficaces existent, s’appuyant sur la complémentarité des stratégies et la force du collectif.
1. Investir les bons canaux, au bon moment
- Ne pas délaisser les réseaux sociaux : Twitter/X, Instagram, TikTok, Facebook et LinkedIn — ce sont souvent là que les “fakes” circulent. Participer activement à ces conversations, sans auto-censure, permet de “reprendre la main” sur le flux.
- Réagir vite : lorsqu’une infox émerge, les premiers acteurs à communiquer bénéficient d’un effet “primeur”, leur discours ayant plus de chances d’être relayé. La veille informationnelle, couplée à des scripts ou messages prévalidés, aide à accélérer la réaction.
- Occuper le terrain local : affichages, rencontres, événements, interventions dans les écoles… L’ancrage territorial reste l’un des meilleurs remparts à la désinformation, surtout auprès des publics éloignés du numérique.
2. Clarifier, vulgariser, illustrer
Un texte technique ne convainc pas une audience déjà sceptique. La force de la “bulle WhatsApp” ou du meme Facebook réside dans sa clarté brute. D’où la nécessité de travailler le fond et la forme :
- Privilégier les formats courts (vidéos 1min, infographies, stories, podcasts). Une vidéo explicative attire plus l’attention qu’une page A4 en PDF.
- Traduire le vocabulaire médical : bannir le jargon, préférer des phrases simples, expliquer systématiquement les sigles.
- Recourir à des témoignages : la parole de “pairs” (patients, proches, témoins, soignants du quotidien) est souvent plus convaincante que la froide énumération de chiffres, surtout auprès des publics non experts (Étude Ipsos, 2023).
- Utiliser des exemples vécus : raconter une histoire d’accompagnement, montrer une situation concrète, mettre en scène une prise de décision partagée.
3. Co-construire la communication avec les publics
C’est un des pivots de la lutte : impliquer les personnes concernées pour identifier les rumeurs émergentes, décrypter leurs inquiétudes ou besoins d’information, tester les messages. Cette démarche inclut :
- Groupes d’échanges avec patients, aidants, jeunes, etc.
- Valorisation des relais de proximité : éducateurs, associations locales, acteurs du médico-social…
- Ateliers de “fact-checking” collaboratifs ou de création de ressources adaptées à un public donné.
Ce travail de terrain permet de capter les signaux faibles, de prévenir l’émergence de fausses infos et d’adapter le ton utilisé. Il valorise la confiance locale et la légitimité du message.
4. Valoriser la transparence, reconnaître les incertitudes
Face à la volatilité des connaissances scientifiques, à la complexité des contextes épidémiques, il est plus honnête — et stratégique — de clarifier ce que l’on sait, ce que l’on ne sait pas et ce qui peut évoluer. Les retours d’expérience montrent que les messages dans lesquels l’émetteur assume l’incertitude sont, à long terme, plus crédibles pour le public (The BMJ, 2021).
- Indiquer les sources des données, référencer les communications officielles (INCa, HAS, OMS…)
- Accepter d’expliquer pourquoi une recommandation a changé
- Former les porte-paroles à répondre sans dramatiser, et à dissocier l’erreur de la faute ou de la manipulation