Comprendre les besoins, attentes et contraintes de chaque public

L’efficacité de la communication associative commence par la prise en compte des spécificités de chaque public interne : chez les professionnels, les attentes en matière d’information ne sont souvent pas les mêmes que chez les bénévoles. Plus de six associations sur dix déclarent rencontrer des difficultés dans la circulation d’informations entre leurs équipes (Source : Le Mouvement Associatif, Baromètre 2022). Avant de produire des supports ou d’envisager de nouveaux outils, il est indispensable de s’interroger :

  • Quelles informations sont prioritaires pour chacun ? Les professionnels ont parfois besoin de données réglementaires, de consignations médicales ou de consignes strictes. Les bénévoles recherchent des informations pratiques, du sens, des exemples concrets ou des modes d'emploi illustrés.
  • Quels sont leurs modes, rythmes et lieux de réception ? Les professionnels consultent souvent leur messagerie institutionnelle ou accèdent à une plateforme interne ; les bénévoles privilégient parfois le bouche-à-oreille, WhatsApp, ou les réunions informelles.
  • Quelles contraintes de temps rencontrent-ils ? Les bénévoles donnent déjà de leur temps : des messages necessitant moins de 5 minutes de lecture ont davantage de chances d’être lus. Les professionnels, eux, peuvent avoir besoin d’accès immédiat à l’information, en toute autonomie.

Un diagnostic simple (par exemple un mini-audit interne, ou quelques entretiens informels croisés) peut déjà révéler de précieux leviers d’amélioration dans vos pratiques existantes.

Choisir les outils adaptés à vos réalités… et les faire évoluer

Il est tentant de multiplier les canaux ou d’imaginer qu’une seule solution conviendra à tous. Pourtant, les statistiques montrent que les associations qui adaptent leur communication selon les besoins de leurs publics internes voient la mobilisation progresser de 30% sur un an (Source : France Bénévolat, Étude 2021).

  • Pour les professionnels : privilégiez des canaux reconnus et institutionnels comme l’email, l’intranet, Teams ou Slack s’ils sont déjà intégrés dans les usages. Facilitez l’accès aux documents de référence (protocoles, plannings, notes de service) sur une base documentaire claire et actualisée.
  • Pour les bénévoles : les outils doivent être simples, mobiles, peu chronophages. Beaucoup d’associations santé utilisent des groupes WhatsApp ou Signal, des newsletters mensuelles résumant l’essentiel, ou des carnets de bord partagés (Google Drive, Framapad).
  • Supports papier : dans certaines associations, 25% des bénévoles n’accèdent pas ou peu au numérique (Source : Recherches et Solidarités, 2023). Un livret d’accueil imprimé, des fiches-résumé de procédures ou un panneau d’affichage dans les locaux restent des relais essentiels.

Co-construire les outils : une bonne pratique

Associer les utilisateurs à la création ou à la refonte d’outils d’information augmente leur appropriation. Testez avec eux différents formats, prenez leurs retours après quelques semaines d’usage : une fiche simplifiée, un mémo, un tutoriel vidéo de 2 minutes peuvent faire gagner un temps précieux à toute l’équipe.

Adapter les contenus et les formats : privilégier la clarté et l’utilité

Un contenu qui fonctionne pour un médecin salarié ne sera pas nécessairement pertinent pour un bénévole nouvellement arrivé. L’art de l’adaptation, c’est de choisir ses mots, le niveau d’explication, la quantité d’informations et la forme la plus accessible possible.

  • Adoptez le langage “plain language” : simplifier ses messages permet une meilleure compréhension auprès de tous, y compris pour des professionnels qui vont vite (Ex : 95% des médecins généralistes déclarent manquer de temps pour lire tous les documents de leur structure - Source : CNOM, 2022).
  • Synthétisez au maximum : l’efficacité passe par des messages courts, structurés, avec une idée par paragraphe. Bannissez les acronymes non expliqués et les phrases à rallonge.
  • Mixez les formats : un message clé peut exister en version “flash” (SMS ou push sur WhatsApp), une affiche, mais aussi en vidéo “tutoriel” pour les procédures, ou en infographie pour un événement à venir.
  • Ajoutez des exemples concrets : la communication santé associative gagne en impact quand elle s’appuie sur des illustrations, cas pratiques, témoignages - plutôt que sur des généralités abstraites.

Astuce terrain

Des structures comme la Croix-Rouge française testent systématiquement leurs supports auprès de groupes pilotes avant diffusion massive, pour s’assurer qu’aucune information clé n’est mal interprétée ou oubliée (Source : Croix-Rouge, Guide de communication interne, 2022).

Encourager la participation, valoriser les initiatives et maintenir le lien

Une communication efficace est interactive. Donner la parole aux équipes – professionnels comme bénévoles – amplifie l’impact, favorise l’auto-organisation et motive dans la durée.

  1. Ouvrir des espaces d’expression : mettez en place un canal réservé aux idées, suggestions ou questions (parenthèse dans une réunion, formulaire anonyme, boîte à idées virtuelle).
  2. Mettre à l’honneur les réussites : un petit focus mensuel sur une action menée, un portrait de bénévole, une initiative de professionnel, renforce le sentiment d’utilité et d’appartenance.
  3. Impliquer des relais internes : identifiez des référents bénévoles ou salariés chargés de relayer, expliquer, et recueillir les retours des équipes.
  4. Favoriser l’acculturation croisée : organisez des temps d’échanges entre professionnels et bénévoles autour de thématiques communes, pour décloisonner les regards.

Former et accompagner : la clé pour pérenniser la communication efficace

Souvent, les associations négligent la formation à la communication interne faute de temps ou de moyen. Pourtant, une brève sensibilisation (1h à 2h) permet de démultiplier la qualité des échanges, d’éviter des malentendus et de fluidifier les interactions.

  • Organisez des ateliers pratiques : sur la rédaction de messages clairs, l’animation de réunion inclusive, ou la gestion de WhatsApp associatif. Selon France Bénévolat, 40% des associations ayant formé leurs bénévoles à la prise de parole constatent une hausse des engagements.
  • Proposez des tutoriels ou des guides synthétiques : un mémo sur “comment mieux communiquer avec les patient.e.s et collègues”, une vidéo brève sur les outils numériques disponibles…
  • Accompagnez les nouveaux arrivants : ne négligez pas l’accueil : un livret d’arrivée, une présentation orale, un parrainage communicant accélèrent l’appropriation de la culture associative (Source : Recherches et Solidarités, Enquête Accueil Bénévoles 2023).

Évaluer et ajuster sa communication interne : vers une dynamique continue

La communication associative n’est jamais figée. Mesurer son impact, écouter régulièrement les retours des utilisateurs, fait toute la différence : 58% des associations ayant mis en place une évaluation régulière de leur communication déclarent constater une meilleure coordination entre bénévoles et salariés (Source : Le Mouvement Associatif, 2022).

  • Récoltez des feedbacks simples : via un sondage biannuel (en ligne ou papier), une question en fin de réunion “Qu’avez-vous trouvé utile/pourquoi ?”…
  • Analysez les usages : regardez qui utilise quoi, à quel rythme, ce qui reste non lu ou inexploité
  • Ajustez régulièrement vos supports : supprimez ce qui n’est plus utilisé, regroupez ou modernisez les formats et simplifiez le parcours d’accès à l’info.

Inspirations et ressources complémentaires pour aller plus loin

La diversité des contextes associatifs santé appelle à l’agilité : chaque organisation doit tester, ajuster, parfois inventer ses propres solutions. Pour continuer à progresser :

  • Consultez les guides sectoriels : France Bénévolat, Le Mouvement Associatif ou Croix-Rouge française
  • Expérimentez l’intelligence collective : créez des “diagnostics flash”, des ateliers avec des jeux de rôles pour éprouver la communication.
  • Partagez vos réussites : prenez l’habitude de publier des billets d’expérience sur vos pratiques (même imparfaites) : le partage d’expériences alimente l’ensemble du secteur.

Face à la richesse et la complexité du monde associatif santé, c’est la souplesse, l’écoute et la co-construction qui restent les fondements d’une communication utile, vivante et pérenne. Les outils changent, les enjeux évoluent, mais la conviction demeure : une bonne communication, c’est d’abord celle qui donne envie d’agir ensemble.

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